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La justice fait barrage au Belo Monte

Publié le par Le blog des cadres du BTP

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Le barrage de Belo Monte est à l’arrêt. Le chantier du barrage brésilien, qui doit devenir le 3ème plus grand du monde derrière celui des Trois Gorges en Chine et celui d’Itaipu entre Brésil et Paraguay, a été suspendu sur l’ordre d’un juge d’un tribunal fédéral de Brasilia. En cause : les engagements sociaux-environnementaux qui n'ont pas été tenus par les promoteurs.

Le New Deal brésilien connaît donc son premier gros couac. Depuis quelques années, le pays s’est lancé dans un Programme de croissance accélérée qui veut stimuler la croissance via la construction de gigantesques infrastructures. Or, jusqu’ici, tout allait à peu près bien.

Pour Belo Monte, ce n’est plus le cas. Les juges ont prié la compagnie responsable du projet, Norte Energia, de revoir sa copie pour respecter les droits des Indiens et des ouvriers, qui ont justement violemment manifesté il y a un mois.

Ce n’est pas la première fois que le Belo Monte se fait démonté.

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Le projet, lancé dans les années 70, comportait à l’origine six usines. 1 200 km² de terres devaient être inondées. Mais en 1989 l’ouragan Sting et la tempête Raoni (photo ci-dessus) emportent tout sur leur passage. Dans les décombres, ne reste plus qu'une seule usine et la surface des terres inondées ramenée à 502 km².

Aujourd'hui, donc, c'est rebelote. Ce coup d’arrêt n’a rien de négligeable car les enjeux sont énormes :

« Son coût est estimé à 10 milliards d'euros. La première turbine opérationnelle est prévue pour 2015. L'ouvrage devrait assurer 11 % de la capacité de production électrique du pays, de quoi alimenter 20 millions de foyers ». (Source Le Monde)

Concrètement, comme nous l’explique RFI, c’est en coulisse que se joue « une bataille juridique entre le gouvernement fédéral, qui soutient coûte que coûte la construction du barrage et les autorités régionales de l’Etat du Para, beaucoup plus réservées et qui exigent que certaines conditions soient respectées, notamment la réhabilitation des zones dégradées par la retenue d’eau ».

Mais puisque c'est une partie de l'avenir énergétique brésilien qui se joue, on ne doute pas qu’une solution sera rapidement trouvée, notamment pour rassurer les 15 000 ouvriers oeuvrant jours et nuits et qui pourraient dégoupiller sévère si le blocage venait à persister.

Après, difficile de se faire une opinion sur le fond du projet.

Le Brésil, malgré tout, fait ici le choix d’une énergie apparemment propre, mais envahissante.

Le nucléaire serait-il une meilleure solution ?  

Le retour sur investissement semble quand même très correct au Brésil : 10 milliards d’euros pour une capacité de 11 233 mégawatts (MW), cela ferait rosir n’importe quel Flamanville.

Néanmoins, voici un argument que l’on ne connaissait pas et qui est pointé par un spécialiste interrogé par un blog du Monde :

« S'ils sont présentés comme une énergie renouvelable, les grands barrages sont néanmoins loin de produire une énergie propre.

Au-delà des impacts de leur construction proprement dite, et des milliards de tonnes de béton utilisées, leur édification crée d’immenses retenues d’eau qui submergent des terres cultivées ou des forêts, entraînent la décomposition des nombreuses matières organiques et libèrent de grandes quantités de gaz à effet de serre (notamment du méthane et du protoxyde d’azote, respectivement 25 et 300 fois plus puissants que le CO2).

Au final, ces ouvrages contribuent à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur aérien, selon l'association Rivières internationales ».

Voilà sans doute de quoi rajouter de l’eau au moulin du chef Raoni… 

D'après AFP


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